Mercredi, ma veille de départ

”...

Aucune contrainte d'heure ou de rendez-vous, c'est mon estomac qui m'a botté le derrière pour me lever. Les aiguilles de mon horloge interne avaient dépassé midi; en continuant de tourner elles embarquaient mes boyaux dans leurs rondes. Il fallait que je fasse quelque chose, et vite, avant que cela ne tourne en double noeud.

Ma seule piste était la galerie piétonne proche de la station. En moins de temps qu'il n'en faut à une bouteille de soda pour se vider sur le sol, j'étais sur place. L'atmosphere était lourde, humide, chaude et remplie d'odeurs de restaurants qui finissaient leur service de midi. Damn, j'arrivais trop tard pour en attraper un sur le vif. Ils avaient tous déjà leurs “mets faits”.

J'ai dû réviser mon plan car je n'arriverais pas à ma faim comme ça. Sans y réfléchir plus de 10 mins avec l'aide de mon acolyte Google, j'ai pris le premier train qui s'en venait, la destination n'aillant que peu d'importance, tant qu'il y avait une infime possibilité de mettre mes baguettes sur le butin. Mes borborygmes se faisaient entendre de plus en plus, il me fallait faire vite.

Descendu du train, je remerciai mon instinct de survie: il ne m'avait pas fait défaut, car j'étais en plein centre de Tennoji. Et là, tout autour de moi... des restaurants! Leur nombre était innombrable. Tous pointaient leur enseigne dans ma direction. J'étais fait comme un consommateur. Le temps s'est figé, tout est resté en suspens pendant une très longue fraction de seconde.

Une fois encore il me fallait réagir plus vite qu'un gastéropode sous adrénaline.

Avec l'instinct du gourmand qui a besoin de manger avant de déguster, j'ai esquivé les premières enseignes sans trop de difficultés. C'était des amateurs. Pourtant les suivantes étaient plus coriaces. Elles s'y connaissaient. Je me suis fait surprendre par leur menus à l'extérieur, me faisant perdre un temps précieux. Tant bien que mal, je me suis débarrassé d'eux, un par un, à grands coups d'argument “Y'a pas ce que je veux!”. C'est simple mais efficace comme technique. Les bons vieux trucs sont toujours les meilleurs.

En quelques minutes, il n'en restait plus qu'un qui se tenait devant moi, le 'boss'. “Celui là, je vais me le faire!” dis-je, en salivant de toute ma rage. On se regardait, l'un en face de l'autre. Et j'ai fait le premier pas vers la console de commande. Mes efforts déployés précédemment se faisaient ressentir, je cherchais, je cherchais à me perdre dans le menu. Damn, il était bon. Il savait ce qu'il faisait.

Heureusement, l'arrivée inattendue de la touche “English” me fit reprendre espoir. J'ai tout de suite su ce qu'il me fallait faire, ce qui allait convenir pour fermer le gouffre béant à l'origine de mes gargouillis. Ayant le point faible de mon adversaire bien en face de moi, j'ai dégainé mon portefeuille et fait ce qu'il fallait, commander.

J'en étais pas fier mais il n'y avait qu'un moyen d'arriver à ma faim, et bien que cela m'ait rempli de honte, je l'ai fait. J'ai fait ce qui je le savais me hanterait jusqu'au jour de mon départ, demain.

Mon but atteint, je n'en revenais pas, j'allais manger. Il ne me restait qu'a m'assoir, reprendre mes forces et attendre. Un spectateur de ma lute acharnée s'est alors avancé vers moi. Il m'a apporté une offrante, j'imagine faisant référence à mon interaction avec la console. Il a du deviné que j'avais faim.

J'ai mangé mon Katsu-don... le troisième en 3 jours. J'ai honte.

...”

Puis je suis rentré et ai préparé mes bagages.

Un escalier comme Hugo aimerait, avec un palier au milieu